Perchée sur les hauteurs de la colline du Devès qui surplombe l’église, Notre-Dame des Vents veille sur St-Michel.
Depuis des centaines d’années et jusqu’aux années cinquante, la vie de nos campagnes étaient rythmées par certaines coutumes ou fêtes principalement liées à la religion comme la fête de la Saint-Jean, la Semaine Sainte, les premières communions…, ou les missions paroissiales.
C’est précisément grâce à une mission que la statue de Notre-Dame des Vents a pu voir le jour. Durant 1 à 2 semaines, la mission consistait pour chaque paroissien à approfondir leur foi par des actions spirituelles (processions, adoration du Saint-Sacrement, récitations du chapelet, confessions, messes, etc), ponctuées de prêches données par des prêtres ou missionnaires et se terminant par une grande célébration eucharistique. Souvent une « croix » était érigée en un lieu public comme « mémorial » de la mission.
Décembre 1953 – Il est donc décidé en fin d’année qu’une mission aura lieu à Saint-Michel. Elle commencera le 27 février 1954 et à son terme, une statue de la Sainte Vierge sera élevée au sommet de la colline du Devès, à l’emplacement d’un château fort (castrum) détruit au XVIe siècle.
«…si le temps le permet la paroisse érigera sur le
sommet qui surplombe l’église un oratoire en l’honneur de la Sainte Vierge… Oh ! rien de monumental comme certaine paroisse voisine : Saint-Michel n’aspire pas à devenir un pèlerinage célèbre, ce
sera un simple souvenir, mais un souvenir durable et beau de notre mission …
… Nous sommes sûrs que la Sainte Vierge nous aidera à trouver l’argent nécessaire malgré les difficultés dans lesquelles se débattent beaucoup de familles de la
paroisse ; leur offrande même petite sera d’autant plus méritoire, et par ailleurs beaucoup de personnes qui connaissent et aiment Saint-Michel tiendront à témoigner leur attachement à notre
petit pays en participant à la souscription qui est lancée dès maintenant.»
Bulletin cantonal de St-Étienne-de-St-Geoirs –
Janvier-Février 1954
La souscription se déroule dès le début de l’annonce de ce projet. Les dons, anonymes ou non, provenant de la quasi totalité des paroissiens s’échelonnent de 1 000 Francs à 10 000 Francs (soit l’équivalent d’environ 20 à 220 de nos euros actuels).
27 février 1954 – Toutes les personnes sans
exception étant ainsi informées, la Mission s’ouvre officiellement le soir du jeudi 27 février. Elle se déroule normalement, ponctuée par des cérémonies (réception du missionnaire, fête des
morts, calvaire, fête des enfants, procession …).
Pendant les derniers jours tout est mis en œuvre pour les ultimes préparatifs de l’édification de cette statue en pierre reconstituée, posée sur un socle imposant, que les paroissiens veulent
élever au Devès en souvenir de cette Mission. Le modèle de la statue est la vierge classique de « l’Immaculée Conception » telle qu’elle apparut à Sainte Catherine Labouré, en
1830, à la chapelle de la rue du Bac à Paris. On désirait aussi rappeler le centenaire de la proclamation du dogme*.
Grâce à un temps très clément, en 6 jours tout est prêt.
« … Tous les jeunes gens et beaucoup de pères de famille
y travaillèrent sous la direction d’un habile maçon, M. Gabriel Cacciatore, et vendredi soir, avant veille de la clôture, la Vierge de l’Immaculée Conception se dressait sur le terrain
gracieusement mis à notre disposition par la famille Félix Poyaud…»
Bulletin cantonal de St-Étienne-de-St-Geoirs –
Mars-Avril 1954
14 mars 1954 – La petite église de
Saint-Michel est comble ce dimanche après-midi, plus de 300 personnes dont beaucoup de gens des paroisses voisines. À la fin de la cérémonie, la procession se met en marche doucement sur les
pentes de la colline : les enfants brandissent leurs petits drapeaux, les pères de famille portent leur bâton de pèlerin surmonté d’une statuette de Marie, l’archiprêtre de Saint-Etienne et
plusieurs curés des paroisses voisines honorent de leur présence cette journée particulière. La statue est bénite par l’abbé Durand-Ginet, archiprêtre de Roybon, après que le missionnaire eut
expliqué le symbole de cette Madone qui domine dorénavant et pour longtemps le village de Saint-Michel.
À la tombée de la nuit, la statue est illuminée.
15 août 1954 – Pour la première fois à Saint-Michel, une procession aux flambeaux a lieu, avec pour objectif : Notre-Dame des Vents. Par un temps calme et doux entre deux journées de pluie, tous les paroissiens sont présents, à laquelle se joignent quelques habitants des communes voisines.
« … la procession sortit de l’église au chant des
cantiques et dans la nuit calme le serpent du feu s’étira sur les flancs du Devet, pour se grouper enfin aux pieds de la statue brillamment éclairée…
…On n’avait jamais vu ça dans le village ! »
Bulletin cantonal de St-Étienne-de-St-Geoirs –
Septembre-Octobre 1954
Aujourd’hui – Les « Retraites aux Flambeaux » du 15 Août ont vu leurs dernières ascensions au milieu des années 70. Cette statue est devenu un lieu agréable pour les promeneurs, d’où ils peuvent admirer de là-haut la belle harmonie des collines boisées, des champs cultivés et des prairies verdoyantes de Saint-Michel. À l’opposé de ce magnifique tableau, s’étant à perte de vue et en panorama, la plaine de la Bièvre.
st-michel-de-st-geoirs.fr/notre-dame-des-vents
* Le dogme de l’Immaculée conception a été proclamé par le pape Pie IX le 8 décembre 1854 à la suite des apparitions de la Vierge Marie à sainte Catherine Labouré, en 1830, à Paris, dans la chapelle des Filles de la Charité de la rue du Bac, et à la demande de nombreux évêques.